La pénétration du français de France dans les textes journalistiques québécois

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Publication date
1995Author(s)
Thiboutot, Sylvie
Abstract
Les langues changent, évoluent sans cesse; elles subissent inévitablement l'influence d'autres langues. Le français québécois, variante de la langue française, n'échappe pas à cette règle. Né d'une part commune de français à laquelle se sont greffés les substrats patois (normand, saintongeais, poitevin, etc.), le français québécois a été influencé, au cours de son histoire, tout d'abord par les langues amérindiennes, ensuite par la langue anglaise, celle d'Angleterre puis celle des États-Unis. Il a également innové en créant ses propres mots. Il s'est donc creusé peu à peu un fossé entre les deux variantes que sont le français de France et le français du Québec. Qu'en est-il à l'heure actuelle? Certains indices portent à croire que le français québécois s'« hexagonise », qu'il subit de plus en plus l'influence du français de France, sous toutes ses formes. Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, à la suite du boom économique et d'une industrialisation massive, le Québec se modernise et s'ouvre sur le monde. Cette ouverture s'est accentuée davantage encore depuis la Révolution tranquille. Les textes oraux et écrits de France sont directement importés au Québec, tout comme ceux du Québec sont diffusés outre Atlantique, dans une moindre mesure cependant. Magazines, journaux, livres, films, émissions de télévision et disques en provenance de France envahissent le marché québécois. Les agences de presse (tout particulièrement l'Agence France Presse) nous inondent d'articles qui sont souvent reproduits tels quels dans nos quotidiens. Les traductions des livres de langue anglaise sont faites en France. De même, la presque totalité des films qui sont présentés au Québec sont produits ou doublés en France. Depuis quelques années, une chaîne de télévision internationale de langue française diffuse des émissions produites en France, en Belgique, en Suisse et au Québec. Il en résulte que le français de France devient très présent dans la vie quotidienne des Québécois. Il n'est donc plus étonnant de relever dans les médias, notamment dans les journaux et magazines, des mots qui étaient jusqu'à tout récemment utilisés principalement en France. Comme les médias, et plus particulièrement la presse écrite, reflètent l'usage actuel et par surcroît aident à fixer cet usage, il y a lieu d'y étudier ce courant de « francisation ». [...]