Poétique de la nouvelle

View/ Open
Publication date
1996Author(s)
Poulin, Claude
Abstract
Nous pourrions mieux comprendre l'esthétique de la nouvelle si nous laissions les oeuvres reconnues témoigner de la logique interne de leur structure et de la pertinence de leurs procédés de composition, la pratique révélant toujours davantage que la simple théorie. Il suffit de parcourir quelques critiques de récits courts -ou même certaines présentations de recueils de nouvelles- pour réaliser combien les gens de lettres parient de la nouvelle comme d'un genre bref, mais sans jamais pour autant en définir la spécificité. Ce n'est pas tout de défendre le caractère distinct du genre, de valoriser ardemment sa nette différence par rapport aux autres modes d'écriture en prose, il faut aussi expliquer les raisons qui déterminent sa particularité et surtout qui font sa légitimation. Qu'est-ce que la nouvelle? Comment peut-on la définir? Depuis la parution du premier recueil de nouvelles (Cent nouvelles nouvelles. 1456-1467) jusqu'à aujourd'hui, les littéraires ont négligé d'élaborer et de professer une théorie sur ce genre. En effet, aux XVe et XVIe siècles, explique Jean Rivard, auteur de la thèse «L'art de la nouvelle chez Marcel Aymé», les créateurs de la nouvelle française ne pensent jamais à définir la forme de récit telle qu'ils la conçoivent, à n'émettre la moindre réflexion théorique à son sujet». Michel Viegnes, auteur de L'Esthétique de la nouvelle française au vingtième siècle, constate qu'«À part les travaux du Belge René Godenne, qui ont permis de défricher ce domaine en grande partie vierge, la pénurie de textes [sur la nouvelle] saute aux yeux». […]