Carouge : scénario d'un long métrage de fiction, suivi d’un journal d’accompagnement

View/ Open
Publication date
1986Author(s)
Couture, Jacques
Abstract
La mort rôde autour de Claude Loiselle, la première femme qui ait accédé au poste de pilote de ligne chez Air Canada. Toujours aussi impeccable et aussi moderne dans son apparence (vêtements, bijoux, environnement), son monde intérieur lui s'effrite petit à petit: son mari, beaucoup plus âgé qu'elle, s'est suicidé il y a six mois à peine et ce fut le prétexte idéal pour quitter son poste de pilote et se consacrer semble-t-il, à une ancienne passion, la musique. Mais la descente aux enfers se poursuit: dès la première image, elle largue son dernier amant et, quelques heures plus tard, se fait avorter du foetus qu'elle porte de lui. Elle se lance alors frénétiquement dans son travail de composition. Ornithologue avertie, passionnée par tout ce qui est envol, elle recueille sur un enregistreur à mémoire vive des chants d'oiseaux dont elle tire des pièces complexes et enivrantes à l'aide de ses multiples synthétiseurs. Son voyage intérieur commence. Le hasard d'un bris d'ordinateur place sur sa route un informaticien dont le violon d'Ingres est justement l'ornithologie. Louis Delisle, comme tant d'autres jeunes cadres de trente ans, s'est donné tout entier à son travail, au point de s'oublier. Physiquement atteint, il n'a d'autre alternative que de prendre un temps de repos et de réflexion. Sa vie affective est un continuum d'échecs, mais tout ça lui paraît bien accessoire... jusqu'au moment de la rencontre avec Claude. Ce film raconte l'histoire de deux êtres qui, à trente ans, se rendent compte qu'ils n'ont jamais pu véritablement relationner avec les autres, qu'ils n'ont jamais vraiment aimé. Ils sont déchirés entre leur besoin de liberté et leur goût de s'impliquer, entre le travail et l'amour, entre le quotidien et l'idéal créateur. Claude va enfin jeter un regard sur son passé, sur ses relations avec des hommes plus âgés, sur son père. Le mépris de ce dernier l'a toujours poussée à performer, à être plus qu'un homme, à être une super femme, à le séduire finalement. Le conquérir à travers des représentations, comme toute cette histoire avec le peintre Riopelle. Sa propre force s'est maintenant retournée contre elle, et tout meurt. Elle cherche un nouvel équilibre, un nouveau rapport avec l'autre, les autres. Louis, qui n'a su s'identifier que dans le travail et la réussite, voit ces derniers devenir de plus en plus exigeants envers lui. Tels des vampires, ils lui sucent son essence vitale: il est malade. Il sent que la source qui nourrit l'être s'est tarie en lui. Sa fuite et son absence touchent maintenant le fond. Il se doit de refaire le contact avec lui-même avant qu'il ne se perde définitivement... Pendant quelques heures de ce tournant dans leurs vies, nous allons suivre ces deux passionnés-éclopés, en quête d'une nouvelle liberté.